Le plus épicurien de nos artistes alsaciens, avait un don inné pour la peinture. A travers son art, il chantait l’Alsace pour notre plus grand plaisir.
Vue de Strasbourg. Huile sur toile 60x73cm. SdD et datée 1913. Collection particulière.
Intérieur alsacien. Huile sur toile 60x73cm. Signée et datée 1913. Collection particulière.
Luc Hueber montrait davantage de talent et d’intérêt pour le dessin et pour la gastronomie
Luc Hueber débutait laborieusement sa carrière à plusieurs reprises contrariée. Ses parents voulaient en faire un bon fonctionnaire, mais le jeune Luc Hueber montrait davantage de talent et d’intérêt pour le dessin et pour la gastronomie. Il sera alors envoyé à Bar-le-Duc en apprentissage chez un pâtissier. Mais son amour pour les bonnes choses n’en faisait pas non plus un bourreau de travail. Le traitement en cuisine, même de la plus fine gastronomie, le repoussait. Il s’engageait dans la Légion étrangère, puis allait presque se battre au Maroc sous les ordres de Lyautey en 1906. Les parents purent annuler son engagement du fait de sa minorité. A son grand regret, il se retrouvait à Strasbourg dans les cuisines de la Maison Rouge. Finalement, il fut inscrit à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg. Très âgé, Luc Hueber devait rattraper le retard accumulé et se hisser au niveau de ses camarades René Allenbach, Charles Frantz, Henri Solveen. Mais grâce à sa motivation et sous les conseils du professeur Auguste Cammissar, Luc Hueber parvient à poursuivre son cursus. En 1912, il s’inscrit à l’Académie Royale des Beaux-arts de Munich. Sur place la vie de bohème reprend. Il capte le style munichois en vogue des peintres Wilhelm Trübner et Schuch. Il possède alors une facture grasse, heurtée, à la tonalité bleue et sombre. Diplômé, Luc Hueber devient peintre sur verre, et sera employé auprès de l’Oeuvre Notre-Dame de Metz, puis de Strasbourg. Il commençait à faire sa place auprès des autres jeunes artistes de sa génération mais la grande guerre éclate subitement. Il s’agit pour Luc Hueber d’une période absurde et morte. Il est baladé d’un front à l’autre : Serbie, Macédoine. Il échappe à la tuerie de Verdun et se fait capturer. Il sera interné dans le camp de Saint-Rambert destiné aux recrues alsaciennes sous l’uniforme allemand. A la fin de l’année 1918, il peut regagner Strasbourg et travaille au commissariat de la ville. Très rapidement, il récupère le prestigieux atelier de l’association des artistes de Saint-Nicolas à Strasbourg et peint furieusement.
Alsacien attablé pensif. Huile sur toile 81x100cm. Signée et datée 1942. Collection partiuclière.
Sa palette devient plus claire, les touches plus gracieuses, il devient un coloriste de génie.
A cette époque, Luc Hueber va abandonner son style munichois pour résolument s’orienter vers la peinture française. Plusieurs séjours à Paris en 1919, 1924 et 1928 façonnent son art et son style moderne. La lumière de Saint-Tropez, mais également d’Avignon, de Florence et de Venise sera importante pour sa compréhension des couleurs. Sa palette devient plus claire, les touches plus gracieuses, il devient un coloriste de génie.
En 1920, il rejoint également le groupe de Mai sous le patronage de Simon-Lévy et de Hans Haug. Ce groupe se voue entièrement à la culture française et veut ouvrir de nouveaux horizons à Strasbourg. Durant une décennie, le groupe influencera de manière déterminante la peinture régionale. Simon-Lévy oriente les artistes aux théories de Paul Cézanne et Luc Hueber les fera siennes.
Les nus de Luc Hueber ne sont pas simples, ils sont une invitation à la chair
Nu aux bas dans un intérieur. Huile sur toile 81x65cm. Signée et datée V.1926. Collection partiuclière.
Durant les années vingt, Luc Hueber excelle dans les scènes d’intérieurs, les natures mortes, et les nus. Les nus de Luc Hueber ne sont pas simples, ils sont une invitation à la chair. Cela va de même pour ses natures mortes, en vérité de mort il en est rien. Elles respirent, elles sont vivantes et colorées. Luc Hueber ne fait pas beaucoup de place à la tradition de la corbeille de fruits garnies. On aperçoit timidement sur ses natures mortes un citron ou des pommes. Par contre, des pièces de viandes, du vin en abondance, des légumes sont présents. Il y a aussi un incroyable bric-à-brac qui accompagne celles-ci digne de l’inventaire à la Prévert : bougeoir, statue de la vierge à l’enfant, torchon, nappe à carreaux, vide poche, verre à vin, bouteille, cruche, carafe, boîte d’allumettes, tasse, soucoupe, théière, vase, pipe à écume, livre, journal, soupière, corbeille, panier, fleurs. Voilà le régime de notre épicurien, dont le besoin de bonne nourriture, alimente l’esprit. Tous ces objets ne disent et ne forment rien. Par contre, cela devient un jeu de couleurs, de gammes, de demi-tons. Incroyable spectacle qui explose à notre regard.
Il souffrait de la disparition du vieux Strasbourg sous le coup des pelleteuses et plus tard sous celui des bombes !
Strasbourg, Café Montmartre en reconstruction. Huile sur toile 71x61cm. Signée et datée 1948. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière.
Luc Hueber découvre aussi très tardivement le paysage. Il y consacrera beaucoup de temps et en particulier aux paysages urbains de Strasbourg. Il a été le peintre des petites ruelles, des pauvres bâtisses, des quartiers oubliés. Son trait est mesuré et solide. Peu-à-peu, le trait noir se fait jour avec le temps. Il souffrait de la disparition du vieux Strasbourg sous le coup des pelleteuses et plus tard sous celui des bombes ! Luc Hueber se réfugie du monde dans la Maison des païens à la Petit-Pierre et peut dans le calme exécuter d’admirables paysages vosgiens. C’est d’ailleurs là-bas, qu’il se réfugie avec sa femme lors de l’évacuation de Strasbourg. L’époque nazi est une annihilation pour son art. Il lui est interdit de réaliser des natures mortes. Celles-ci provoquent de l’amertume face à la période de disette que vivent les habitants de sa chère province. Il ne lui reste plus que le folklore et Luc Hueber doit peindre des paysans en costume traditionnel, ce qui est pourtant l’apanage de Gustave Stoskopf. Il traverse laborieusement cette sombre page de notre histoire.
A la libération, Luc Hueber exposera sa production cachée lors d’une très grande exposition qui lui est consacrée. De nombreuses toiles seront offertes au Maréchal Leclerc de passage à Strasbourg. Ceci sera le dernier grand événement de sa carrière avec la rétrospective en 1968 pour les cinquante années de labeur et qui clôt une longue carrière. Il continuera, inlassable alors, à peindre et à peindre son Alsace jusqu’au crépuscule de sa vie.
Galerie d'oeuvres : Nota : La galerie Kiwior s'efforce de présenter des oeuvres insolites et n'ayant fait l'objet d'aucune reproduction (livres, catalogue, etc) afin d'éviter de présenter toujours la même chose. Nous remercions à cet effet les aimables collectionneurs de leur confiance et de nous avoir accordé le droit de reproduire leurs oeuvres.
Nature morte à la cuisine. Huile sur panneau 44,5x61cm. Signée et datée 1943. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière, Paris.
Nature morte aux livres, röhmer et pipe. Huile sur toile 46x55cm. Signée et datée 1948. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière, Paris
Intérieur au canapé rouge. Huile sur toile 55x46cm. Signée et datée V.1927. GALERIE KIWIOR, Strasbourg.
Intérieur chez les Hueber. Huile sur toile 100x73cm. Signée et datée 1925. Reproduit dans la "Vie en Alsace". Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière.
Un dimanche chez les Hueber. Huile sur toile 50x61cm. Signée et datée 1936. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection partiuclière.
Paysage aux environs de Strasbourg. Huile sur toile. 54x65cm. Signée et datée 1935. Collection particulière.
La Krutenau en Hiver. Huile sur toile 50x60cm. vers 1941/44. Collection particulière.
Place Broglie à Strasbourg sous la neige. Huile sur toile 54x65cm. Signée et datée 1947. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière.
Rue de Zürich à Strasbourg. Huile sur toile 38x46cm. Signée et datée 1949. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière.
Vue de Strasbourg. Huile sur toile 54x65cm. Signée et datée 1937. Collection particulière.
Place de Zürich à Strasbourg. Huile sur toile 54x65cm. Signée et datée 1968. Collection particulière.
L'alsacien. Huile sur toile 50x40,5cm. Signé. Vers 1940/45. Provenance : GALERIE KIWIOR. Collection particulière.
Paysage d'Alsace. Huile sur toile 50x61cm. Signée et datée 1935. Collection particulière.
Paysage avec troupeau de vaches. Huile sur toile 54x65cm. Signée et datée 1959. Collection particulière.