Charles Walch

Thann, 1898 - 1948, Paris

« Femme au vase de roses »

Gouache

63x48cm (à vue)

Signature en bas à droite

vers 1946 / 1947

Charles WALCH Femme au vase de roses gouache, 63x48cm (détail). Charles Walch
Charles WALCH "Femme au vase de roses" gouache, 63x48cm (détail)
Charles WALCH Femme au vase de roses gouache, 63x48cm (avec son cadre). Charles Walch
Charles WALCH "Femme au vase de roses" gouache, 63x48cm (avec son cadre)

Provenance :
- Vente aux enchères LOUDMER à Paris, le 07/12/1990, lot n°131bis (adjugé 6 860 € hors frais)


Cette lumineuse gouache de Charles Walch (1896–1948), réalisée vers 1946–1947, condense avec une rare intensité les caractéristiques majeures de l’œuvre tardive de l’artiste : un lyrisme chromatique assumé, une construction plastique dynamique héritée du cubisme, et une humanité profonde, presque méditative, qui habite ses figures féminines.

La composition s’ordonne autour d’un motif intimiste — une jeune femme attablée devant un bouquet de fleurs, au cœur d’un paysage villageois — mais Walch en transcende aussitôt la banalité apparente pour en faire une scène de pure vibration colorée. L’artiste mobilise ici toute la liberté expressive de la gouache, médium qu’il affectionne particulièrement dans les dernières années de sa vie pour sa spontanéité, sa vivacité et la possibilité qu’il offre de juxtaposer rapidement de larges aplats aux reprises linéaires plus incisives.

Un espace construit par la couleur

Dans cette œuvre, la couleur devient architecture. Walch abandonne tout modelé illusionniste au profit d’un réseau de plans juxtaposés, de barres colorées, de segments anguleux qui structurent l’espace à la manière d’un vitrail moderne. L’héritage cubiste y est palpable, mais adouci et transfiguré par un lyrisme chromatique propre à Walch : les rouges ardents, les bleus ultramarins, les jaunes citron, les roses opalins composent une polyphonie chaude, presque musicale.

La table, le vase, les fleurs et la silhouette féminine ne sont plus décrits mais réinventés par la lumière, éclatée en facettes multicolores. Cette fragmentation, loin d’introduire une froideur analytique, produit au contraire un sentiment de vitalité sereine, de joie tranquille — cet état visuel que Walch recherchait après les épreuves de la guerre.

La figure féminine, mélancolique et intérieure

La jeune femme, dont le visage est traité avec une économie de moyens remarquable, incarne parfaitement le type de figure walchienne : front dégagé, yeux abaissés ou rêveurs, douceur presque archaïque des traits, comme si l’artiste cherchait à retrouver une forme universelle de féminité. Le visage — l’une des zones les plus apaisées de la composition — crée un contraste avec l’effervescence chromatique environnante. Il devient le point d’ancrage émotionnel du tableau, une zone de calme où s’exprime la méditation douce-amère de l’après-guerre.

Un bouquet comme célébration de la renaissance

Le bouquet monumental, éclatant de roses roses et de feuillages éclatés en touches vertes et bleutées, forme le cœur symbolique de l’œuvre. Dans cette période 1946–1947, Walch multiplie les compositions florales qui, loin d’être purement décoratives, expriment une nécessité de renouveau, une respiration après les années sombres. Le vase transparent, dessiné d’un trait bleu vif, joue un rôle charnière : il organise l’espace comme une structure centrale autour de laquelle se déploient les couleurs.

Le paysage : un espace réinventé

En arrière-plan, un paysage de maisons alsaciennes ou lorraines, stylisées à l’extrême, se déploie dans une clarté lumineuse. Les toits rouges, les murs ocres et le ciel bleu fragmenté contribuent à cette sensation d’un monde recomposé, presque schématique, tel un décor intérieur ou un souvenir recomposé. Walch ne cherche pas la topographie mais l'évocation poétique du lieu, un espace mental chargé d’affects.

Une œuvre tardive emblématique

Datable des années 1946–1947, cette gouache appartient à la toute dernière période de l’artiste, celle où son geste se fait plus libre, plus musical, plus synthétique. On y retrouve cette fusion rare entre héritage moderniste et sensibilité populaire, entre structure cubiste et chaleur humaine, qui fait de Walch l’un des peintres les plus singuliers de la scène française de l’immédiat après-guerre.

Cette œuvre, par sa fraîcheur, sa densité chromatique et sa poésie lumineuse, constitue un exemple admirable de la manière tardive de Charles Walch, à la fois vigoureuse, méditative et profondément attachée à la célébration de la vie retrouvée.

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