Cette sculpture de belle dimension, taillée dans un seul bloc de bois tendre, représente une figure féminine debout, légèrement déhanchée, dans une attitude empreinte de recueillement et de grâce. Le visage, allongé et d’une sérénité mélancolique, s’inscrit dans la tradition baroque tardive par son modelé doux et par le traitement naturaliste de la chevelure retombant en mèches souples sur les épaules.

Le corps est enveloppé d’une ample draperie dont les plis cassés, savamment rythmés, révèlent encore le souvenir du grand style baroque, tempéré ici par une sensibilité plus provinciale : l’artiste semble rechercher davantage la dévotion que la virtuosité. La polychromie, aujourd’hui très altérée, conserve néanmoins de précieuses traces des tonalités originelles – un vert profond pour le manteau, des rehauts rouges sur les bordures, et un beige clair pour la tunique – qui laissent deviner une palette riche, typique des ateliers rhénans du XVIIIᵉ siècle.

Les mains, mutilées, devaient probablement tenir un attribut symbolique – peut-être un livre, une palme ou un lys – qui permettait d’identifier plus précisément la sainte représentée. En l’état, la figure évoque par son attitude recueillie et son expression intériorisée plusieurs types iconographiques : la Vierge de l’Annonciation, Sainte Cécile, ou encore Sainte Catherine d’Alexandrie, souvent figurées avec une semblable douceur de traits et un mouvement du corps comparable.

L’œuvre, malgré les pertes de matière et les soulèvements de polychromie, conserve une forte présence plastique : la monumentalité du drapé, l’équilibre de la composition et la verticalité du corps confèrent à la figure une noblesse certaine. Ces qualités permettent de la rattacher à la production d’un atelier d’art sacré actif dans les régions de l’Alsace, du Bade ou de la Suisse alémanique, où la sculpture religieuse du XVIIIᵉ siècle prolonge la tradition baroque du Saint-Empire tout en s’orientant vers un langage plus intériorisé et dévotionnel.

L’état de conservation – patine ancienne, traces de polychromie originelle, vermoulure localisée – renforce l’authenticité et le charme de cette œuvre de dévotion populaire, témoin éloquent de la vitalité de la sculpture religieuse provinciale à la veille du XIXᵉ siècle.